De Platon à nos jours l’énigme de l’Atlantide a fasciné des générations entières. Même si pour la majorité des
scientifiques actuels l’Atlantide reste un mythe, un ensemble de traditions et leur éclairage scientifique plaide en faveur de l’existence de cette mystérieuse civilisation dont tout laisse à
penser qu’elle fut hautement cultivée.
Texte
Le monde dont nous allons parler existait il y a douze mille ans et peut-être plus, alors que selon l’état de nos
connaissances actuelles, les premiers être humains ou considérés comme tels seraient apparus sur la terre il y a plus de cinq millions d’années.
Que sait notre science historique du passé humain ? L’archéologie des cent dernières années s’est chargée de
montrer que la myopie de l’histoire était immense. Sont apparus une multitude de cités, de royaumes et d’empires dont nous ne connaissions rien, faisant ainsi reculer de plusieurs millénaires la
naissance de la civilisation humaine. Ne vient-on pas ainsi de prouver la connaissance de l’art du textile il y a vingt cinq mille ans, d’après des empreintes de tissu retrouvées sur les parois
de grottes de la République Tchèque, ce qui met à mal les images d’Epinal des hommes de la préhistoire vêtus de peaux de bêtes.
On se rappellera aussi la dépréciation que subirent les événements de l’histoire simplement parce qu’ils étaient
mentionnés dans des mythes ou des légendes. Mais la persévérance de l’allemand Schliemann qui mit au jour la mythique ville de Troie au XIXe siècle leur apporta le plus éclatant
démenti.
Une énigme
fascinante
Plus de vingt cinq mille livres ont été écrits sur l’Atlantide. Dans le siècle écoulé de nombreuses recherches
scientifiques menées avec des moyens de plus en plus sophistiqués ont apporté de nouveaux éclairages sur cette énigme qui passionne l’Occident depuis au moins deux mille cinq cents
ans.
Déjà Hérodote, au Ve siècle av. J.-C. évoquait le peuple des Atlantes, le plus éloigné du monde connu. Mais c’est à
travers les écrits du grand philosophe grec, Platon, que l’Atlantide fait son entrée dans l’histoire de l’Occident.
Platon, on le sait, avait reçu ses enseignements des prêtres égyptiens, puisqu’il avait séjourné dans leurs temples.
Dans ses récits, en réalité Platon décrit surtout le dernier fragment sauvé des différents cataclysme du continent atlante et qu’il appellera Poséidonis. (1) Il n’est pas impossible d’imaginer
que Platon, initié aux mystères et tenu au secret, en savait plus qu’il ne pouvait le dire et nous a révélé une vérité partielle.
Ses deux récits au sujet de l’Atlantide, le Timée et le Critias (voir encadrés) sont truffés de détails. Platon n’expose
pas seulement l’idée d’un continent englouti. Il décrit les villes, les habitudes, la manière de gouverner. Il explique même comment les Atlantes de Poséidonis protégeaient leur
flotte.
Accepter la version platonicienne entraînerait une véritable révolution copernicienne des théories de l’histoire, c’est
pourquoi elle est aujourd’hui reléguée au rang de récits imaginaires ou d’allégories à vocation politique. Proclus, philosophe néoplatonicien du Ve siècle pensait, quant à lui, que l’Atlantide
devait être comprise à la fois comme une réalité historique et comme une allégorie. Pourtant, la description si exhaustive de Platon devrait nous faire penser qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
D’autant plus que les convergences entre la tradition occidentale et orientale sont plus que troublantes.
La tradition orientale de l’Atlantide
La tradition la plus ancienne sur l’existence d’un continent disparu
provient d’un texte hindou, le Vishnou Purana. Le nom donné à ce continent est Lanka, ce qui signifie île. Selon le Vishnou Purana, la terre aurait changé plusieurs fois de relief. Ceci est
confirmé par de nombreuses recherches modernes qui ont démontré, par exemple, qu’il y avait autrefois des zones tropicales là où aujourd’hui sont établies des zones glaciaires.
Dans un style poétique et symbolique, le texte évoque une civilisation assez évoluée. On y décrit un certain nombre de
véhicules appelés «vimanas» destinés au transport aérien. Ils sont décrits avec une certaine précision et leur forme, de profil, serait celle d’un bateau volant. Au cœur de ce bateau était placée
une pierre et la description faite de cette pierre et de son fonctionnement fait penser à ce que nous appellerions aujourd’hui une pile atomique. En effet, selon les textes, les habitants de
Lanka connaissaient une énergie qu’ils appelaient «marmash» qui se condensait en matière. Cette condensation produisait une énergie qui permettait d’alimenter les moteurs du navire.
On connaît aujourd’hui la conversion possible entre l’énergie et la matière, mais le processus décrit par le Vishnou
Purana est l’inverse de celui que nous employons dans nos usines atomiques.
Les bateaux possédaient aussi des sortes de rames qui étaient des sortes de fusées qui lançaient des flammes. Lorsqu’ils
voulaient monter, il plaçaient les « rames-fusées » vers le bas. Ils avaient un système de réglage qui leur permettait d’atterrir sans piste d’atterrissage.
Il est mentionné d’autres formes de navires qui avaient la forme d’un oiseau. Ceux-là étaient employés pour la guerre.
Ces «navires-oiseaux» jetaient des «œufs» plein de cette énergie appelée «marmash». Lors d’un combat un de ces « œufs » aurait tué plus d’un million de personnes. Le texte parle aussi
de rayons paralysants, de grandes villes, de chauffage artificiel.
Lorsque ce texte fut traduit au XIXe siècle ces récits semblaient de la science fiction. Aujourd’hui l’évolution
technologique met des images précises sur ces descriptions qui, de ce fait, ne semble plus aussi fantastiques.
La tradition ésotérique
Dans son oeuvre colossale, La Doctrine Secrète, la grande ésotériste du XIXe siècle Héléna Blavatsky rapporte
les enseignements de la tradition archaïque contenus dans le Livre de Dzyan auquel elle a eu accès dans les temples tibétains.
Selon elle, l’affaissement de l’Atlantide (continent et îles) commença durant la période Miocène et atteignit son point
culminant au moment de la disparition du plus grand des continents, événement qui coïncida avec le soulèvement des Alpes. Elle écrit : « La majeure partie de l’Atlantide s’abîma durant
l’époque Miocène. Il ne restait que Routa et Daitya et quelques îles égarées ça et là…Platon condensa l’histoire de l’Atlantide qui couvrait une période de plusieurs millions d’années en un seul
événement qu’il localisa dans une île relativement petite, de trois mille stades de long sur deux mille de large, ce qui représente à peu près les dimensions de l’Irlande, tandis que les prêtres
parlaient de l’Atlantide comme d’un continent aussi grand que l’Asie et la Libye réunies. » (2)
Pourquoi les Atlantes ont-ils disparu ?
Les textes soulignent que cette civilisation avait trop exagéré l’emploi de ses pouvoirs matériels et ceci avait
provoqué une réaction de la planète Terre.
Là où aujourd’hui nous parlerions de pollution, les vieux textes disent que l’atmosphère était devenue irrespirable et
que les animaux commençaient à souffrir de mutations. A la suite de ces réflexions, ils expliquent que les Atlantes ont essayé, avec l’énergie du «marmash» de déplacer l’axe de la terre afin
d’obtenir un éternel climat printanier. Ces agressions envers la Terre se sont traduites par des réactions de la planète, considérée par les anciens comme un être vivant, qui déclencha un grand
cataclysme maritime, cause de la destruction de l’Atlantide. Les textes disent que ce cataclysme fut planétaire et qu’il provoqua une forte diminution de la population mondiale. Il aurait eu lieu
il y a 850 000 ans. Il est curieux de constater que le mouvement géosynclinal des Andes, c'est-à-dire le mouvement qui a donné naissance aux Andes est apparu il y a 850 000
ans.
Tout d’abord l’Atlantide fut coupée en deux petites îles, appelées dans les textes sanscrits Ruta et Daytia. Puis
d’autres cataclysmes se succédèrent, au cours desquels l’Atlantide se fragmenta en un certain nombre d’îles, de plus en plus petites.
Selon Héléna Blavatsky, les Atlantes employaient des incantations magiques même contre le Soleil. Les Atlantes de la
dernière période étaient renommés pour leurs pouvoirs magiques et leur méchanceté. Les hommes qui leur avaient succédé conservèrent pieusement les traditions qui leur enseignaient que l’humanité
dont ils descendaient était devenue plus arrogante à chaque génération et, par suite de l’acquisition de pouvoirs super-humains, avait glissé graduellement vers sa fin. (2)
La suite des textes coïncide avec les textes précolombiens, sumériens ou la Bible qui mentionnent un grand déluge
universel. A cette époque, environ dix mille ans avant notre ère selon la chronologie de Platon, ne subsiste de l’Atlantide que l’île Poséidonis.
Où était située l’Atlantide ?
De nombreuses hypothèses ont été avancées sur la localisation de l’Atlantide, parmi lesquelles des plus fantaisistes.
Une de ces hypothèses, largement soutenu par le commandant Cousteau, tendait à identifier l’Atlantide à l’île de Santorin, au large de la Crète. Plus récemment, un chercheur marseillais affirmait
avoir mis en évidence l’île mystérieuse au débouché ouest du détroit de Gibraltar.
Mais conformément aux récits platoniciens et selon la tradition du livre de Dzyan, cette île aurait été de la surface de
la Grande-Bretagne et se serait trouvée approximativement entre la partie nord de l’Europe et le Golfe du Mexique. C’est sa chute que Platon raconte dans le Timée. Cet événement libère le courant
du Gulf Stream qui véhicule les eaux chaudes de l’Amérique vers l’Europe et provoque de forts changements climatiques en Europe du Nord.
Ces récits nous fascinent encore aujourd’hui, d’autant que nous n’avons trouvé aucun témoignage concret de l’Atlantide.
Mais ils peuvent nous suggérer également un questionnement. Une super civilisation précédant notre humanité actuelle a-t-elle vraiment existé ? Et nous-même dans l’avenir, pourrions nous
subir la même fin que cette civilisation. Certains signes ne sont-ils pas déjà là pour nous inviter à réfléchir à ces questions ?
(1) C’est le lieu où se déroule le roman « Ankor, le disciple » de J. Livraga,
éditions des 3 Monts
(2) Doctrine Secrète, Tome IV.
Note
Cet article est largement inspiré d’une conférence de Jorge Livraga, donnée à Lyon le 18 juin 1986.
Citation
Le récit de Platon
Les prêtres égyptiens transmettent à Solon les récits historiques.
« Il y a eu souvent et il y aura encore souvent des destructions d’hommes causées de diverses manières […] Tout
d’abord vous ne vous souvenez que d’un seul déluge terrestre, alors qu’il y en a eu beaucoup auparavant […]
Les monuments écrits disent que votre cité (1) détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur
l’Europe et l’Asie toutes entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique. On pouvait alors traverser cet océan, car il s’y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez,
dites-vous, les colonnes d’Héraclès(2). Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies. De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le
continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer […] Or un jour, cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre pays, le nôtre et tous
les peuples en deçà du détroit…
Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l’espace
d’un seul jour et d’une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de
même.»
Platon, Timée, 21-26, Ed Garnier Flammarion, traduction par E. Chambry
(1) Athènes
(2) le détroit de Gibraltar
Citation
Pourquoi les Atlantes disparurent-ils ?
«Pendant de nombreuses générations, tant que la nature du dieu se fit sentir suffisamment en eux, ils obéirent aux lois
est restèrent attachés au principe divin auquel ils étaient apparentés […]
Mais quand la portion divine qui était en eux s’altéra par son fréquent mélange avec un élément mortel considérable et
que le caractère humain prédomina, incapable dès lors de supporter la prospérité, ils se conduisirent indécemment […]
Alors le dieu des dieux, Zeus, qui règne suivant les lois et qui peut discerner ces sortes de choses, s’apercevant du
malheureux état d’une race qui avait été vertueuse, résolut de les châtier pour les rendre plus modérés et plus sages.»
Platon, Critias, 120, Ed Garnier Flammarion, traduction par E. Chambry
Citation
Les richesses de l’Atlantide
[…] Poséidon, ayant eu en partage l'île Atlantide […] découpa le pourtour par des enceintes faites alternativement de
mer et de terre […]Il fit jaillir du sol deux sources d'eau, l'une chaude et l'autre froide, et fit produire à la terre des aliments variés et abondants […]
Avec toutes ces richesses qu'ils tiraient de la terre, les habitants construisirent les temples, les palais des rois,
les ports, les chantiers maritimes, et ils embellirent tout le reste du pays […] Ils creusèrent depuis la mer jusqu'à l'enceinte extérieure un canal… et ils [l’]ouvrirent aux vaisseaux venant de
la mer [...] Ils revêtirent d'un mur de pierre le pourtour de cette île, les enceintes et les deux côtés du pont... Ils mirent des tours et des portes sur les ponts et à tous les endroits où
passait la mer…Ils revêtirent d'airain, en guise d'enduit, tout le pourtour du mur qui entourait l'enceinte la plus extérieure; d'étain fondu celui de l'enceinte intérieure, et celle qui
entourait l'acropole elle-même d'orichalque (1) aux reflets de feu.[…]
Les deux sources, l'une d'eau froide et l'autre d'eau chaude, avaient un débit considérable et elles étaient, chacune,
merveilleusement adaptées aux besoins des habitants par l'agrément et la vertu de leurs eaux. Ils les avaient entourées de bâtiments et de plantations d'arbres appropriées aux eaux. Ils avaient
construit tout autour des bassins, les uns à ciel ouvert, les autres couverts, destinés aux bains chauds en hiver. Les rois avaient les leurs à part, et les particuliers aussi; il y en avait
d'autres pour les femmes et d'autres pour les chevaux et les autres bêtes de somme, chacun d'eux étant disposé suivant sa destination.
Platon, Critias, traduction par Emile Chambry, Garnier Flammarion
(1) l’orichalque était selon Platon un alliage plus précieux que l’or dont on a perdu la trace dans
l’histoire.
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article rédigé par Isabelle Ohmann - isabelle.ohmann.over-blog.com