Mercure est une divinité très présente dans toute la Gaule. On trouve quantité de documentation à son sujet : statuettes en bronze, marbre, etc., pierres dédiées, hermas, vestiges de temples, toponymie, etc.
De nombreuses représentations ont été retrouvées dans la région de Nîmes, ancienne capitale de la Gaule Narbonnaise, dont certaines sont actuellement mises en valeur dans une exposition consacrée aux statues en pierre et bronze, avant leur présentation dans le futur musée de la Romanité en 2018.
Herma signifie en grec tas de pierres. Ces tas servaient à borner les champs et à jalonner les chemins. Placés surtout aux carrefours où la terrible Hécate cherchait à égarer les voyageurs, ils constituent le plus vieux symbole du dieu Hermès. Ils étaient surmontés d’une pierre droite qui, par la suite, devint un pilier avec une tête et un buste ithyphallique, symbole de la fécondité, notamment agraire, et de toute prospérité ; c’est pourquoi une aubaine était dite «hermaion» et un coup de chance était appelé un «coup d’Hermès». En ville, ces bustes protégeaient le seuil des demeures, comme cette Herma trouvée devant une villa non loin d’un Hermès bifrons, qui renforce cette symbolique de gardien des passages et des limites, par assimilation avec Janus dans sa fonction de gardien des portes, des seuils..
On a par ailleurs découvert en Gaule Narbonnaise une représentation inusuelle de Mercure enfant avec des ailes implantées directement dans sa chevelure et sa bourse.
Mercure en Gaule
César souligne l’abondance de l’iconographie de Mercure chez les Gaulois et affirme que c’est le dieu le plus honoré en Gaule, en réalité le dieu celte Lug, considéré comme « l’inventeur de tous les arts » patron des techniques et des métiers.
Cependant le Mercure italique et le Mercure gallo-romain ne se confondent pas absolument. Le Mercure latin favorise surtout les échanges commerciaux et les affaires. Il est avant tout le protecteur des marchands. C’est pourquoi il tient une bourse à la main.
En Gaule Mercure, associé à Lug, acquiert une fonction cosmique qui dépasse largement ses attributions mercantiles. Il retrouve en fait le rôle de médiateur divin que possédait l’Hermès grec. Il jouait le rôle de messager des dieux, comme sur terre il était le protecteur des voyageurs, contribuant ainsi à la communication entre le divin et l’humain.
Les attributs habituels du Mercure italique sont le caducée, la bourse, le casque ailé (pétase) et les sandales ailées. Dans l’iconographie gallo-romaine, les animaux qui lui sont attribués sont : le bélier ou le bouc, la tortue ou le coq.
Une représentation d’Hermès Trismégiste ?
Un Mercure à l’apex en bronze d’époque romaine attire l’attention. Il se présente comme un Mercure habituel, avec deux ailes figurant son pétase. Il tient le caducée dans sa main gauche et la droite, aujourd’hui disparue, devait tenir une bourse. A ce schéma classique s’ajoute l’apex (pointe) sur le front, parfois interprété comme un symbole égyptisant, désignant un Hermès Thot issu du syncrétisme gréco-égyptien. Selon la notice, il est aussi possible toutefois qu’il renvoie au symbolisme de Hermès dieu des palestre, l’apex n’étant dans ce cas que la représentation d’une feuille, signe de victoire.
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Photos Isabelle Ohmann