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  • : Le blog de Isabelle OHMANN
  • : Articles sur l'histoire, la philosophie, l'art de différentes civilisations
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Isabelle Ohmann vous présente ce blog culturel pour partager avec vous le fruit de ses recherches.
Elle anime depuis 25 ans des activités culturelles, conférences, stages et séminaires sur des sujets ayant trait à l'histoire, la philosophie et l'art.
Elle intervient dans de nombreuses associations et apporte sa contribution à différentes publications.
Elle anime des voyages culturels vers différentes destinations (voir rubrique spécifique dans ce site).
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Voyages culturels

Isabelle Ohmann accompagne différents voyages culturels :

Florence des Médicis du 20 au 24 février 2010

Pérou, sur les traces des Incas du 2 au 13 avril 2010

Prague, ville magique du 23 au 27 octobre 2010

Pour plus dinformations, consultez les pages de ce blog
27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 21:19

Véritable rupture avec la pensée médiévale, l’humanisme de la Renaissance plonge ses racines dans l’Antiquité pour mieux s’ouvrir vers le monde.

 

La Renaissance est souvent résumée par le fait du retour à l’Antiquité. Le retour à l’Antique n’est pas seulement la récupération commode d’un savoir passé et oublié. C’est un véritable réenracinement dans la pensée humaine.

 

La tradition de la sagesse

 

L’homme de Renaissance est un homme de tradition : il est héritier du patrimoine de l’humanité. Il s’inscrit dans un sentier d’évolution de l’humanité dont il est une étape. Il réunit, une fois encore, les différents courants de pensée, qui telles branches issues d’un même tronc, se rejoignent pour ne former qu’une seule sagesse. L’homme de tradition est celui qui se préoccupe de récupérer un savoir et un pouvoir oubliés, dont les traces dans les sagesses de l’humanité éveillent en lui la réminiscence et le conduisent à le rechercher activement à l’intérieur de lui-même.

 

Un âge d’or

 

La pensée antique était considérée comme un réservoir de valeurs et d’une vision du monde qui rendait possible la transformation de la société et la construction d’un monde futur, une ère de lumière comme le souhaitait Pétrarque, un nouvel âge d’or qui fut célébré comme tel par les humanistes de la Renaissance.

 

L’humaniste de la Renaissance est proche de l’homme contemporain. Il vit dans une société qui ne lui offre plus de sens et l’enferme dans une pensée dogmatique. Il se sent trahi par un monde qui semble avoir oublié le sens de l’aventure humaine. Etranger à son époque, l’humaniste aspire à se libérer. Il rêve d’une régénération des temps, d’un âge d’or, d’une éclosion de la pensée, d’une profondeur retrouvée de la vie, d’une paix éclairée. Peu à peu ce rêve s’impose à lui comme une nécessité d’une ère nouvelle et d’une nouvelle philosophie de l’homme et de la nature. Il fleurira dans le printemps de la Renaissance.

 

Connais-toi toi même

 

L’humaniste pense que la vie n’est pas seulement quelque chose d’extérieur, comme une suite d’événements ou de circonstances qui s’offriraient à lui. Pour l’homme de Renaissance, la vie a une dimension intérieure, empreinte de magie et de mystère. Cette dimension existe dans l’individu qui possède au fond de lui un dieu caché capable d’éclairer son destin, de le relier aux autres et à l’origine de la création. Nosce te ipsum, Connais-toi toi même, est le premier  péan des humanistes. C’est d’abord en nous mêmes que se trouvent les clés des interrogations essentielles.

 

L’art des correspondances

 

Une autre dimension de la vie se cache aussi dans les profondeurs de l’univers, dans les astres qui animent le monde de leur course et dans les luminaires source de vie pour notre planète. C’est ce que les anciens appelaient « dieux » et que les humanistes redécouvriront à travers un riche monde symbolique.

La rencontre entre la vie intérieure de l’univers et la vie intérieure de l’homme est l’objet de la science hermétique, l’art suprême des relations, celui qui établit des correspondances entre ce qui est en haut et ce qui est en bas. La perception de cette dimension intérieure de la vie est toute l’aventure de l’humanisme de la Renaissance. Percevoir le divin et l’esprit qui se trouve en chaque atome de la vie, en chaque personne, en chaque repli de la nature est la préoccupation constante des humanistes.

 

L’homme artiste

 

Le premier pas pour tenter de capter ces mystères est l’art. L’art est le reflet de la Beauté, dont les humanistes disaient qu’elle était le visage de Dieu. Le beau parle à l’âme un langage qui n’est pas de ce monde : un langage d’harmonie et de pureté qui provoque un sentiment de plénitude et d’exaltation et élève l’âme vers des hauteurs célestes. L’art éveille le sentiment platonicien de la réminiscence, provoquant dans l’âme la nostalgie de son origine céleste.

L’art est le reflet du divin, et l’artiste son prophète : il l’exprime avant tout parce qu’il peut le percevoir grâce à sa sensibilité particulière. Le véritable artiste est d’abord celui qui capte, et non pas un technicien qui maîtrise les formes.

 

La vue intérieure

 

Une des pratiques artistiques majeures de la Renaissance est la poésie, qui est par excellence le langage de l’âme : philosophes, seigneurs, hommes de cour ou artistes, tous pratiquent la poésie, comme une éducation nécessaire de l’esprit et du cœur pour se rendre sensible aux réalités supérieures et pour éveiller donc les perceptions intérieures qui seules ouvrent les yeux de l’âme aux réalités cachées. L’homme de la Renaissance est un voyant et à ce titre est souvent symbolisé par un homme aux yeux bandés pour signifier que son regard n’est pas physique et matériel, mais qu’il s’agit d’une puissance intérieure qui permet de percevoir ce qui est invisible et caché aux yeux physiques.

 

Le langage de l’imaginaire

 

C’est par l’imagination que l’humaniste se relie aux mystères de l’univers. Son âme rationnelle est impuissante à expliquer les réalités spirituelles. Il faut apprendre un autre langage, propre à les rendre accessibles. C’est celui des symboles qui parle à l’imaginaire. Les symboles sont le langage de l’âme : ils sont porteurs de sens. Car les symboles sont le langage que le Verbe divin a semé dans les âmes des hommes diront les Oracles chaldaïques, recueil de la sagesse de Zoroastre. Ils possèdent donc le pouvoir de dévoiler à l’humaniste les secrets de l’esprit et du divin. Ils permettent l’épiphanie, c’est-à-dire l’irruption du sacré dans la vie profane qui en devient ainsi transformée.

 

Le langage de l’âme

 

Ce langage de l’âme est celui des songes, des visions mais aussi l’objet de la philosophie. Il trouve bien entendu son vocabulaire dans les langues sacrées et dans la mythologie antique, qui en deviennent l’outil indispensable. On comprend ainsi la prospérité étonnante des écrits hiéroglyphiques d’Horapollo, censés transmettre la langue symbolique et sacrée de l’Egypte, patrie d’Hermès, et dévoiler le véritable nom des choses, révélateur de leur essence secrète, (conformément aux paroles de la Bible qui parlent du vrai nom des choses et des êtres vivants). Pic de la Mirandole, quant à lui, apportera la sagesse complexe et riche de la Kabbale, langage sacré et symbolique de la tradition hébraïque. Le vrai nom des choses est capable d’influencer de manière décisive leur nature et leur destin.

 

Mythologies

 

La redécouverte des mythes féconde l’imagination de la Renaissance. Car au-delà de leur apparence d’historiettes, les humanistes découvrent des profondeurs complexes de ces récits imaginaires qui, à la fois, voilent les secrets de la nature, et reflètent les mystères de l’âme humaine, de la vie et de l’univers. Ils dévoilent des vérités cachées. L’expression la plus éclatante de leur puissance philosophique dans l’art sera sans conteste celle de Botticelli, particulièrement dans ses tableaux du Printemps et de la Naissance de Vénus. C’est sans doute Giordano Bruno qui portera à une puissance inégalée l’étude philosophique de ces outils de l’imagination.

 

Les pouvoirs de l’homme mage

 

Mais l’humaniste ne se veut pas simplement celui qui contemple les mystères de l’univers. Il veut s’y intégrer comme un maillon vivant dans une chaîne d’or, dont les humanistes disaient qu’elle reliait le ciel et la terre. Acteur dans cette chaîne de relations, l’humaniste devient mage. Le mage est d’abord celui qui peut contempler les structures intimes de la nature et de la vie. C’est l’imitateur, celui qui pratique le grand art de l’imitation, qui n’est bien sûr pas une servile copie de la nature, mais le grand art de l’observation de la nature, de ses pouvoirs intimes, de ses formes qui révèlent son intelligence, visage de l’intelligence divine, Verbe ou Logos, et dont Léonard de Vinci fut le plus grand maître. C’est parce qu’il est saisi d’admiration que celui qui contemple la beauté se transforme en mime, rendant possible, par cette sorte de communion spirituelle, sa métamorphose en un être supérieur.

 

 

Ethique et esthétique

Ainsi le parcours de l’humaniste doit gravir trois échelons qui le mèneront à la pleine rencontre avec ces dimensions cachées de l’existence : l’imitation, art d’observation de la vie, phase d’apprentissage et de découverte, qui est la découverte du Beau à travers les formes harmonieuses de la nature ; la purification des pensées, des sentiments et des actions, à travers une vie philosophique, dont l’exemple sera l’Académie platonicienne de Carreggi et son mentor Marsile Ficin. Ces deux aspects permettront au philosophe d’unir esthétique et éthique Alors seulement, pourra prendre place l’acte magique, fruit de la conjugaison d’un savoir et d’un pouvoir, véritable cérémonie d’union de l’homme aux forces de la vie, au service non pas de lui-même, mais d’une plus grande harmonie dans les plans de l’existence manifestée. L’image des Trois grâces, Beauté-Chasteté-Volupté, tant prisée à la Renaissance, illustrera ce triple parcours.

 

La quête de l’harmonie

 

L’harmonie est sans doute le maître mot de la Renaissance. Elle est l’art difficile de relier les contraires, le ciel et la terre, et c’est, par excellence, l’art d’Hermès qui connaîtra un élan extraordinaire à cette période, soutenu par la redécouverte et la diffusion du Corpus Hermeticum, ensemble des écrits hermétiques datant de la période hellénistique.

 

Le premier terrain de l’harmonie est l’homme, dont Pic de la Mirandole disait qu’il était le nœud du monde, c’est-à-dire le lieu où se rencontraient le ciel et la terre. Celui lui confère une double nature qui amène l’homme à pouvoir faire tour à tour, l’ange ou la bête. L’harmonie dans le monde et autour de lui est aussi la préoccupation de l’humaniste : la suprématie de la paix sur la guerre, de la concorde sur la discorde, seront les grandes préoccupations de l’époque. Les humanistes sont des idéalistes qui rêvent d’une société pacifique et leurs rêves se traduiront souvent par des projets littéraires ou architecturaux de cités utopiques. L’harmonie bien entendu est aussi la grande clé de l’art, de la peinture à l’architecture en passant par la sculpture, un art de relations entre toutes les parties.

 

Ficin et Pic de la Mirandole se feront les chantres d’une concorde religieuse, la pax theologica, et l’on retiendra bien sûr la grande figure d’Erasme qui luttera contre les guerres et les conflits de toutes sortes.

 

La recherche de l’harmonie est la quête du divin, puisqu’elle permet de dévoiler l’unité qui naît de l’équilibre entre les parties. La quête de l’unité qui se cache dans la multiplicité des visages de la vie est cette voie mystérieuse qu’empruntent les humanistes, de Pétrarque à Pic de la Mirandole, car elle est l’empreinte visible de la divinité. Est divin celui qui peut s’unir à lui-même ; est divin celui qui peut vivre à l’unisson de l’univers ; est divin celui qui peut unir le passé et le futur, l’histoire et le présent ; est divin celui qui peut unir les forces du ciel et de la terre.

 

 

Vous pouvez librement citer cet article en mentionnant : 
article rédigé par Isabelle Ohmann - isabelle.ohmann.over-blog.com  

 

 

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