L’art nouveau naît en France sous l’impulsion du génie créateur d’Emile Gallé (Nancy 1846-1904). Scientifique, humaniste et industriel, cet artiste complet fut par-dessus tout un interprète majeur des mystères de la nature.
"Voici un homme qui…a rendu aux plantes une personnalité, un langage : il a retrouvé les lois mystérieuses de leurs attitudes, soit qu’il incruste leur image dans la marqueterie de ses
meubles, soit qu’il la jette dans la pâte de ses cristaux» s’exclamait un admirateur d’Emile Gallé. Souvent présenté comme le fondateur du style décoratif d’une époque, l’art floral, Gallé
rejettera toujours cette appellation.
Une approche scientifique
Sa démarche n’est pas celle d’un copieur de formes ni d’un artiste en quête d’inspiration. La nature n’est pas pour lui un sujet et le végétal n’est pas un modèle à décrire. «Le document
naturaliste…ne nous émeut pas parce que l’âme humaine en est absente» écrit-il (1). Il préconise l’observation scientifique des plantes pour découvrir comment chacune s’est différenciée pour
entrer en harmonie avec son environnement. Ainsi l’artiste ne capte pas seulement la forme de la plante, mais ce qui est le moteur de son harmonie particulière. Les statuts de l’école de Nancy
qu’il fonda en 1901 précisent à cet égard qu’elle «tient à mettre spécialement en lumière le caractère de beauté et des avantages du décor inspiré par l’observation directe des êtres et de la
vie, principe fécond, rationnel, que les maîtres lorrains modernes ont été les premiers à faire admettre.»
Un art symbolique
Si Gallé fut un botaniste reconnu et célèbre, il n’était pas seulement un naturaliste ; il chercha à nouer un dialogue entre l’âme de l’artiste et l’âme des plantes, sans lequel, selon lui, aucune invention n’est possible. Pour Gallé le langage de l’âme est le symbole. C’est l’éveil d’une idée par une image : «les symboles sont les pointes où se concrètent les idées» (1). Et le symbole n’est rien moins que l’essence de l’art. «Le terme de symbole est bien près de se confondre avec celui d’art. Conscient ou inconscient, le symbole qualifie, vivifie l’œuvre : il en est l’âme.» (1) C’est pourquoi, à travers le symbole, Gallé devint un véritable interprète de l’âme des plantes, un merveilleux amant de la nature dont il déroba les secrets.
(1) Emile Gallé, le décor symbolique, discours de réception à l’Académie de Stanislas, à Nancy le 17 mai 1900, Editions Rumeur des ages, 4,60€
A lire
Emile Gallé, l’Ecole de Nancy, Christian Debize, Editions Serpenoise, 2000
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article rédigé par Isabelle Ohmann - isabelle.ohmann.over-blog.com